Schizophrénie et amour
L’amour arrive comme une lumière dans un couloir dont on avait oublié la porte. Dans la psychose, il peut déstabiliser ou protéger — tempête et refuge. Cet article marie repères cliniques et pistes concrètes (sexualité, traitements, communication), avec un ton littéraire.
Deux versants : quand l’amour bouscule… et quand il ancre
Chez certaines personnes, la rencontre amoureuse réveille angoisse et persécution : première intimité vécue comme intrusion, jalousie délirante, ou conviction d’être aimé·e par l’inaccessible (érotomanie). L’amour peut alors rallumer des foyers délirants et pousser au passage à l’acte.
« L’irruption d’un objet d’amour dans la vie du psychotique peut mettre en péril un équilibre précaire. » — d’après Jovelet, 2010
À l’inverse, un lien affectif fiable agit comme point d’ancrage : présence quotidienne, rythmes, signes d’alerte partagés. Le couple devient parfois une petite institution de douceur qui limite la désorganisation et soutient le soin (Jovelet, 2010).
Sexualité : oser dire, ajuster, inventer
Les difficultés sexuelles sont fréquentes (désir, excitation, orgasme, douleur). Elles tiennent à la maladie, à l’anxiété, au contexte et parfois aux médicaments. En parler améliore la qualité de vie et l’adhésion au traitement. Synthèse accessible : Société québécoise de la schizophrénie (SQS) — Sexualité & schizophrénie.
Traitements : points d’attention (à discuter avec ton médecin)
- Antidépresseurs : les ISRS peuvent réduire le désir et retarder l’orgasme ; des alternatives mieux tolérées sexuellement existent selon les profils.
- Antipsychotiques : impact variable sur libido/fonctions sexuelles ; certains (p.ex. avec hausse de prolactine) exposent davantage, d’autres peuvent être plus neutres.
- Options : ajustements de dose, changement de molécule si possible, prise en charge des troubles érectiles quand indiqué.
Séduction, confiance, révélation
Séduire, c’est une attention. Révéler le diagnostic demande confiance et lenteur : choisir le moment, raconter la maladie comme une « maladie du cerveau » peut aider, expliquer progressivement traitements et signes de rechute. La sincérité est un art lent (recommandations synthétisées par la SQS).
Repères concrets pour le couple
- Nommer tôt et doucement peurs, gênes, attentes ; séparer la personne du symptôme.
- Routine apaisante : sommeil, repas, sorties, temps sans écran ; rituels aident la régulation.
- Consentement non négociable ; en phase aiguë, différer la sexualité et prioriser la sécurité.
- Coordonner avec l’équipe soignante en cas d’effets sexuels indésirables : il existe souvent des alternatives.
Figures & littérature : quand l’amour fait œuvre
Des histoires célèbres montrent la tension entre création, amour et folie (Schreber et son épouse ; Virginia Woolf et Leonard ; James Joyce et Nora ; Zelda et Scott Fitzgerald). Elles disent la même chose : l’amour peut délirer, détruire, ou tenir. Et parfois, il sauve l’écriture. Repères cliniques : Jovelet, 2010.
Sources & ressources
- Georges Jovelet, « Psychose et amour », L’Information psychiatrique, 2010 : lire la notice en ligne.
- Société québécoise de la schizophrénie — « Sexualité et schizophrénie » : page d’information.

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