
Schizophrénie et Freud
Retour sur la schizophrénie chez Freud : épreuve de réalité, retrait narcissique, reconstruction délirante. Entre Freud, Bleuler et Lacan, l’article éclaire les enjeux cliniques actuels
Extrait de Si la mer meurt :
« Une nuit. Une rue sans nom. Une fatigue qui colle. Il avancera. Pas vite. Pas lentement. Il avancera. Et là, au détour – Bouddha.
Pas une statue. Pas un bibelot à encens. Un vrai.
Mais pas de chair. Ni d’os. Plutôt une présence translucide, comme sculptée dans l’eau claire. »
Il était là. Devant moi. Dans une présence presque impossible à croire. Non pas un corps, mais quelque chose d’approchant. Un soupçon de corps. Traversé de lumière. Rouge, verte, bleue. Elle glissait sur lui comme le vent sur une flamme. Ne touchait rien. Épousait tout. Et dans son passage, elle laissait derrière elle une trace. Légère. Un frémissement à peine visible, comme une buée. Et dans cette brume, on distinguait ce qu’on ne voit pas toujours : la force des muscles, la dignité du geste. Il était assis. Dans la posture du lotus. Immobile. Silencieux. Présent.
Les visions ne me visitent pas souvent. À peine quelques-unes. En 2002, 2010, 2015. Des exceptions. Des éclats. Mais cette fois-ci, c’était différent. Cette fois, ce fut comme une naissance dans la tête. Une apparition. Une image sans bruit. Un bouddha. Surgi sans frapper. Comme une lumière qui s’allume toute seule. Comme si c’était le moment juste. Celui qu’on n’attend pas mais qu’on reconnaît.
Et peu importe, au fond, ce que j’ai vu. Un bouddha ? Une fleur ? Une présence ? Une douceur ? Cela n’a pas tant d’importance. Ce qui compte, c’est le désir — immense — qu’il reste. Qu’il ne disparaisse pas dans le remous de mes pensées. Qu’il ne se noie pas dans la routine. Qu’il ne glisse pas dans l’oubli. J’ai voulu le garder. Le protéger de ma distraction. L’ancrer contre le vent de l’habitude.
Je sentais l’étrangeté. Je reconnaissais l’écart. Le pas de côté. Mais au lieu de fuir, j’ai tenté d’ouvrir plus grand. De laisser cette lumière vivre. D’en prolonger la beauté. Comme on retient une respiration rare.
Car c’était beau. Et c’était fort. Une beauté sans bruit. Une force sans geste. Et tout cela, je le savais, venait d’un effort. Un long chemin de concentration. De silence. De patience. Cette image, née dans le calme, portait en elle la clarté d’un éveil.
Je parle de tout cela parce que, parfois, il faut traverser les apparences. Oser croire que même une hallucination, si elle fait naître de la paix, mérite d’être écoutée. Jadis, j’aurais biffé ce passage. Trop bizarre. Trop incertain. Mais plus aujourd’hui.
Aujourd’hui je sais qu’on peut être brisé. Qu’on peut être remplacé. Effacé. Mais je sais aussi qu’on peut être nourri. Par des choses fragiles. Des visions. Des fragments. Des mystères qu’on ne maîtrise pas.
Quant à moi, depuis 2007, depuis que j’ai rencontré l’enseignement du bouddha, une chance étrange m’accompagne. Elle ne fait pas de bruit. Elle se glisse dans les jours. Elle éclaire les coins que j’avais oubliés.
Je ne dis pas que j’ai vu un bouddha de chair. Je dis que l’inattendu est venu. Et qu’il m’a effleuré. Et que j’ai voulu qu’il reste. Qu’il imprime son passage. Qu’il s’inscrive, jusque dans mes cheveux. Je respirais sa lumière. Je buvais sa forme. Et mon esprit, sans le savoir, donnait à cette image mentale un poids tel qu’elle remplaça, un instant, tout le reste. Le réel même. Elle se posa dans mon regard intérieur comme une promesse. Une rupture avec le temps d’avant.
Avant, j’étais là, un peu absent au monde. Comme si rien ne me concernait vraiment. Et puis un jour, tout s’est fendu. Une cassure dans le mur. Une lumière a passé.
Je vivais alors avec un homme italien. J’étais seul. Je dormais. Quelque chose, peut-être un frisson, une lumière tapant contre mes paupières, m’a tiré du sommeil. J’ai ouvert les yeux sur une brèche. Une absence de langage. Une musique d’un autre monde. Et dans cette faille, lui. Le bouddha. Ou son image. Ou sa grâce.
Je l’aurais regardé longtemps. Je voulais qu’il dure. Mais je n’ai pas su. La concentration a fléchi. Une pensée est venue. Une toute petite. Et déjà, l’image reculait.
J’ai compris, tout de suite : ce serait mon secret.
Sa méthode, pas à pas. Ce chemin qui mène vers le retour parmi les vivants, les souffrants, par pure compassion, ne m’a jamais quitté. Il me hante comme une lumière qu’on ne peut éteindre. Et je me demande : que vaudrait un éveil, s’il laissait les autres dans la nuit ? Que vaudrait un état de grâce, s’il restait muet devant la douleur ?
J’ai connu la douleur. Vraiment. Celle de la maladie mentale. Mais j’ai écrit. Même pendant la tempête. Même au creux des crises. Et l’écriture m’a permis — peut-être — de me tenir debout. De m’extraire un peu. De cette désorganisation féroce. De cette folie en éclats.
Ou alors, c’est pire encore. Peut-être que je ne me suis pas extrait. Peut-être que j’ai seulement écrit plus loin dans la folie. En me laissant traverser par l’énergie commune. Celle qui passe de l’un à l’autre. Celle qui transporte les peurs et les espoirs. La même.
Et si la folie portait, parfois, les graines d’un éveil ?
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